Mon père, mon héros

Marcelino est né à Praia d’Ancora (Minho) au Portugal, le 26 novembre 1899.

C’est un aventurier ! En 1911, quand il avait à peine 11 ans, son père a remporté un marché au Brésil pour réaménager le Museu da Quinta da Boavista. Il a décidé de le suivre. Deux ans après, le chantier fini, son père rentre au Portugal et il reste au Brésil.

En 1918 il rentre au Portugal et va faire son service militaire dans une prison militaire en Angola (Sao Paulo de Luanda).

En 1925, de retour au Portugal, il a décidé de s’installer définitivement au Brésil. Il choisit Campo Grande (dans la région du Pantanal). A l’époque, il mit un mois pour aller de Rio de Janeiro jusqu’à Campo Grande, il disait.

Il peut encore passer des heures et des heures à raconter les exploits de sa vie bien remplie. Parfois il se répète…

C’est un sage, un « philosophe » connu dans mon entourage, par la sagesse de ses nombreuses pensées, que je ne cesse de répéter ! Par exemple, je cite une : « Il vaut mieux se taire et sembler un imbécile qu’ouvrir la bouche et ne pas laisser de doute ».

Comment voit-il  l’avenir, maintenant qu’il complète son premier centenaire ? Il dit qu’il vivra jusqu’à l’âge de 200 ans. Il raconte qu’il est déjà décédé quand il avait environ 60 ans. Ne voulant pas aller au paradis, il s’est présenté au diable, à l’entrée de l’enfer. Le voyant arriver, Lucifer lui montra une file de cars qui attendaient et lui a dit :

Tu vois cette file, Marcelino ? Ce sont 237 cars remplis de politiciens. Ils ont commis des péchés beaucoup plus graves que les tiens. Je dois les faire entrer avant toi. Tu reviendras d’ici 140 ans. Je te réserve une place.

Puisque ma mère ne veut pas aller en enfer avec lui, il dit qu’il va se remarier encore trois fois avant d’aller en enfer. Elle est jalouse. Quand ils sortent et qu’ils passent à côté d’une dame très âgée, elle demande : C’est avec celle là que tu vas te remarier ? Il répond que non et qu’il choisira une jeune fille. Et il justifie, prennant un air sage et très sérieux : « Pour un vieux cheval, il faut de l’herbe fraîche ».

Je pense qu’il finira par laisser sa place en enfer à quelqu’un d’autre pour pouvoir rester avec ma mère au Paradis. Le connaissant, je sais qu’il ne nous le dira pas ! Il gardera cela en secret jusqu’au dernier moment. Et il n’est pas pressé…

Ce héros est… mon père !

Joyeux anniversaire, Papa !


Aujourd’hui, le 12 janvier 2000, il a dit : « J’ai un ami qui m’invite à partager une bonne bouteille de vin avec lui ! ». Il a pris son petit déjeneur, il est allé se reposer un peu sur le canapé, comme d’habitude, il a fermé les yeux, et il est parti au paradis rencontrer son Ami…


Aujourd’hui, le 12 décembre 2002, c’était au tour de ma mère d’aller je rejoindre pour jouer aux cartes. Elle lui a appelé avant pour lui demander de preparer une tasse de thé comme il faisait toujours quand ils jouaient aux cartes…