Qu’est-ce que le bolsonarisme ?

J’ai trouvé cette vidéo très intéressante. Tout d’abord, Marc Lazar précise la notion de fascisme et populisme, des notions banalisées par des gens qui ne savent pas exactement de quoi il s’agit. Ceci a plombé le discours de quelques uns qui ont pris la parole dans la suite.

Ensuite, on voit des témoignages de personnes que je classe dans la catégorie de militants.

J’ai beaucoup aimé cette vidéo, surtout l’intervention de Marc Lazar qui a démontré que le concept de « fascisme » est complexe. Il ne faut pas le banaliser

Je précise, tout de suite, que j’estime que Bolsonaro n’est pas digne de diriger un pays comme le Brésil. Lula non plus.

Mais je vois quelques problèmes. Le principal étant qu’on parle essentiellement de Bolsonaro, mais pas du contexte et de l’alternative Lula. Les gens ont l’impression que si un côté est mauvais, alors l’opposé est forcément bon, ce qui peut ne pas être vrai.

A la question « Bolsonaro est-il fasciste », Erika Campelo change de sujet (manque d’arguments ?) et parle des 700 mil morts du COVID et que Bolsonaro pourrait être mis en prison, comme s’il était le seul coupable. Un manquement à la vérité, par omission. Le Consortium du Nordeste a commandé 300 respirateurs COVID, sans appel d’offres, à une entreprise distributrice de produits dérivés de Canabidiol. 48 millions de reais (environ 10 millions d’euros) ont été réglés d’avance, mais les respirateurs n’ont jamais été livrés et l’avance n’a pas été récupéré. Le Consortium était sous la responsabilité du gouverneur de Bahia, un des actuels ministres de Lula. Une enquête est toujours en cours. Le minimum, dans cette affaire, est de la négligence ou mauvaise gestion et au maximum, de la corruption. Des nombreux cas de corruption ont été détectés. Le gouverneur de Rio, par exemple, a été destitué à cause de détournement d’argent du COVID. Les gouverneurs ont obtenu de la Cour Suprême, trois semaines après le début de la pandémie, le droit de définir, eux-mêmes, au moins partiellement, leur stratégie de combat de la pandémie. Ils sont, donc, devenus coresponsables. Combien sont morts à cause de tout ça ? Meyerfield n’en parle pas, alors que ces affaires étaient connues lors du lancement de son livre.

Paul Moreira, parle de privatisations comme exemple de populisme. Or, ça n’a rien à voir. La privatisation est juste une caractéristique de la droite. Bolsonaro l’a cherché pour débarrasser l’état d’entreprises déficitaires et qui n’avaient pas vocation à faire partie de l’État. C’est juste un choix d’un gouvernement de droite qui n’a rien à voir avec populisme.

Mais… quel rapport entre ce qu’ils disent et le « bolsonarisme », sujet de l’émission ???

Le livre de Meyerfield est complètement à charge, comme si Bolsonaro était le seul cauchemar brésilien. Il reprend beaucoup d’arguments du parti de Lula, souvent exagérés ou mensongers, sans une vérification, parfois sans préciser le contexte. Il n’y a pas de vérification contradictoire. Par exemple, il s’en prend beaucoup à Serge Moro, le juge qui a condamné Lula, mais il ne s’est pas donné la peine d’aller l’interviewer. Il utilise très fréquemment, tout le temps même, des surnoms péjoratifs (Cavalao). C’est, d’une part, un procédé de manipulation psychologique pour inculquer un biais chez le lecteur et, d’autre part, démontre qu’il n’a pas pris de la distance dans un sujet aussi complexe. Du journalisme militant de bas niveau.

En fait, la question que l’on doit se poser, c’est en quoi Lula est meilleur que Bolsonaro, ou vice-versa. Et comparer la situation du pays à la fin du gouvernement Bolsonaro et du gouvernement Lula: santé, éducation, assainissement (eaux et égouts), infrastructures, sécurité, finances, corrupçao,  IDH, …

Je pense que critiquer Bolsonaro, sans parler de ce qui est en face, Lula, relève d’une certaine mauvaise foi.

En fait, le vrai cauchemar du Brésil serait plutôt la polarisation extrême entre la gauche et la droite qui fait que même des gens avec un niveau d’études supérieures perdent complètement la capacité d’analyse et de critique. Certains invités de cette vidéo sont un très bon exemple. Le pays a besoin d’un apaisement. Et la France est, peut-être, dans le même chemin.